Test de notre premier jeu patrimoine

Aujourd’hui, c’était le jour du test de notre premier jeu de découverte du patrimoine, sur l’abbatiale d’Essômes-sur-Marne. Nous avons eu l’honneur de le tester avec le centre de loisirs du village où se situe le monument historique que nous avons mis en lumière.

Nous étions accompagnés par Jeannine, membre et guide de l’association Saint Ferréol pour la Sauvegarde  de l’Abbatiale d’ Essômes sur Marne.

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La mosaïque romaine : quelques notions et jeu pour les enfants

Aujourd’hui, je vous parle de mosaïque romaine. Quand nous avons visité le musée Rolin, nous en avons vu quelques magnifiques exemplaires qui m’ont inspiré un projet pour les enfants.

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Musée Rolin

*Mais tout d’abord, quelques notions de base sur la mosaïque :

La mosaïque (opus musivum) est un revêtement de sol, un peu comme notre carrelage aujourd’hui. Autrement, les sols étaient en général en terre battue. Les premières mosaïques étaient grecques puis la technique s’est répandue dans tout le monde romain. Différentes types de mosaïques existent : les mosaïques à galets ou à opus sectile (fragments assez grands, plats, assemblés en motifs géométriques) en sont les plus simples tandis que les mosaïques à tesselles sont celles qui permettent le plus large éventail de réalisations. Les tesselles sont des petits fragments de pierres ou de marbre, taillées en cube (surface carrée) dans un premier temps et qui pouvaient être retaillées pour les besoins du dessin. Il en existe aussi en verre ou en or, mais elles étaient cantonnées aux murs et aux plafonds, là où il n’y avait pas de risque d’usure. Certaines tesselles étaient extrêmement fines, jusqu’à quelques millimètres de côté (opus vermiculatum) et servaient aux motifs figurés.

Les mosaïques romaines ont évolué au fil du temps, d’abord noires et blanches à motifs géométriques à la fin de la République et au début de l’Empire, dès le IIe siècle, elles deviennent de plus en plus complexes, alliant motifs végétaux, géométriques et figurés à la polychromie. Les scènes naturalistes sont de plus en plus fines et détaillées, se rapprochant au plus près de la peinture, notamment dans des médaillons appelés emblemata. Ceux-ci sont réalisés à part par des mosaïstes réputés et insérés au sein des mosaïques. Voici un exemple exposé au musée Rolin : Bellérophon terrassant la chimère.

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Seuls les gens riches pouvaient en faire poser dans leurs villas ou dans leurs demeures urbaines, et encore, pas dans toutes les pièces. Les salles de réception étaient favorisées, tandis que les couloirs pouvaient être pavés avec de l’opus sectile.

Les artisans mosaïstes étaient moins bien payés et considérés que les peintres, à l’origine des thèmes reproduits au sol. Les salaires variaient du simple au triple, alors même que certaines mosaïques sont de véritables chefs d’œuvres et réclament un sens du dessin, une dextérité et une expérience élevée.

*Les mosaïques sont notre patrimoine historique commun. On en retrouve dans tout le bassin méditerranéen.

En France, de nombreuses mosaïques ont été retrouvées au cours du temps. Certaines, dans le passé, ont vécu des aléas, dus à une absence de loi sur le patrimoine. Par exemple, la mosaïque de Bellérophon du musée Rolin d’Autun, découverte en 1830, découpée et transportée de musée en musée pour finalement revenir à Autun.

De nos jours, des mosaïques fragmentées sont encore en vente chez les antiquaires, rejointes par celles issues des zones de guerre. L’occasion de rappeler qu’un objet sorti de son contexte archéologique, sans précaution, sans vraie fouille archéologique, ne sert à plus rien, il est perdu pour le commun des mortels, il est perdu pour l’histoire de l’humanité. Il ne profite plus qu’imparfaitement à des collectionneurs et des pilleurs sans scrupules et sans culture. L’histoire et le tourisme du pays spolié sont amputés à jamais.

Différentes fouilles récentes ont mis au jour des mosaïques exceptionnelles, dont la restauration ainsi que la dépose dans les musées locaux profitent au plus grand nombre. Elles sont notre patrimoine commun. Ici, vous pouvez voir une photo de la mosaïque de méduse, découverte exceptionnelle réalisée par l’Inrap à Besançon en 2004.

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Le lien ici vous permettra d’accéder à la galerie mosaïque de la photothèque de l’Inrap, où vous pourrez voir photos et vidées des trouvailles archéologiques de cet institut. Vous y retrouverez également la mosaïque de Penthée, retrouvée à Nîmes.

*Galerie

Ici, je présente quelques photos prises au musée Rolin et vous pouvez voir d’autres mosaïques, illustrant différents styles : noir et blanc d’Ostie, mosaïques de Pompéi, style fleuri, différentes scènes, etc… Ici, dans notre tableau pinterest.

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*Jeu enfant

Enfin, nous avons réalisé trois kits mosaïque en papier pour enfants, inspirés de motifs géométriques de bordure. Ils sont destinés aux maternelles jusqu’au début de l’école primaire pour la plus complexe. Ils exercent la motricité fine, le suivi de consigne de collage, les suites.

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Vous pouvez les télécharger en ligne, sur la boutique ALM.

Les panneaux indicateurs antiques : les bornes milliaires

Aujourd’hui, je vous livre quelques petites informations sur les bornes miliaires antiques avec un petit jeu pour les enfants pour leur expliquer en s’amusant (voir au bas de l’article) !

Alors qu’est-ce que c‘est que ces bornes milliaires ? Et bien tout simplement des poteaux indicateurs antiques, cylindriques ou parallélépipédiques, qui étaient disposés le long des voies romaines pour indiquer les distances depuis une ville importante, comme une capitale de cité. Tout comme de nos jours, autrefois, les voyageurs avaient besoin de se repérer dans l’espace et connaître les distances entre leur position et leur point d’arrivée. Peut-être avaient t’ils aussi des enfants qui leur demandaient toutes les 5 minutes : « on est bientôt arrivés ? », « c’est quand qu’on arrive ! ».

On sait également qu’ils disposaient d’itinéraires et de cartes pour les aider à prévoir leur voyage.

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Photo depuis l’article wikipedia

Les bornes milliaires sont appelées ainsi en référence aux distances antiques, en milles, c’est-à-dire 1000 pas romains. Mais à partir de l’empereur Septime-Sévère (règne 193-211), les distances seront exprimées en lieux. Les bornes milliaires deviennent des bornes leugaires mais dans l’usage courant, de nos jours, elles sont le plus souvent appelées bornes milliaires. On les retrouvait tous les mille pas ou les mille lieux.

Mille pas : 1478, 5 m

Mille lieux : entre 2208 et 2220 m

Ce changement d’unité de mesure durant l’époque de Septime-Sévère est lié à une grande campagne de réfection des routes qui intervient à un moment un peu trouble politiquement. En effet, un conflit portant sur le contrôle de la Bretagne et de la Gaule, opposait le gouverneur de Bretagne à Septime-Sévère et le dernier, lors de la bataille de Lyon, tua le premier. Ainsi, afin de réaffirmer son pouvoir sur la Bretagne, Septime-Sévère engagea de grands travaux et une expédition militaire. Il fit édifier de nouvelles bornes sur les tronçons réparés, avec l’intention d’en faire des outils de propagande à sa gloire et celle de ces fils. Sur ces bornes sont ainsi gravés les noms complets de l’empereur et de ses fils mais aussi leur titulature, c’est-à-dire tous leurs titres officiels, religieux ou militaires. Ce qui est exprimé de cette façon, c’est leur prestige politique, social et militaire. Il faut également préciser que ces panneaux étaient le plus souvent réalisés et payés par des notables locaux, dûment mentionnés dans la gravure, dans le but de montrer leur fidélité et leur loyauté à l’empereur. Enfin, l’énumération des titulatures, bien cernées chronologiquement, est un excellent moyen pour les archéologues de dater ces bornes

Donc en résumé, une borne milliaire ou leugaire est :

-un panneau indicateur

-un panneau publicitaire

-un outil de propagande

et de nos jours

-un outil de datation

Bonus : Allez, je vous le dis : Une fois son père mort, Caracalla fit assassiner son frère Géta et fit voter par le Sénat une damnation memoriae. Cette procédure consiste à effacer au sens littéral toute trace d’existence d’une personne. Ainsi, il fit effacer le nom de son frère de toutes les inscriptions, de tous les monuments, il était interdit de prononcer son nom en sa présence et pour parfaire le tout, il fit assassiner ses amis, relations et possibles concurrents.

Trop sympa le gars…. Un empereur romain quoi…

Voici la traduction de deux bornes dues à Septime-Sévère

Borne de Desvres

« À l’empereur César L. Septimius Severus Pieux Pertinax Auguste, Arabicus, Adiabenicus, Parthicus Maximus, Père de la Patrie, consul trois fois, et à l’empereur César M. Aurelius Antoninus Pieux Felix, consul, et à L. Septimius Geta très noble César, 14 lieues depuis Thérouanne ».

Borne de Soissons

« À l’empereur César L. Septimius Severus Pieux Pertinax Auguste, Arabicus, Adiabenicus, Parthicus Maximus, Père de la Patrie, consul trois fois, et à l’empereur César M. Aurelius Antoninus Pieux Felix, Auguste, consul, et à Publius Geta très noble César, réalisé par Lucius P. Postume, légat d’Auguste pro-préteur, 7 lieues depuis Augusta Suessionum »

Un peu de traduction :

À l’empereur César Lucius Septime Sevère, Pieux, Pertinax Auguste, vainqueur des Arabes, des Adiabènes, des Parthes, le grand, Père de la patrie

Félix : bienheureux

Augusta Suessionum : Soissons

Biblio avec lien intégré si vous voulez allez plus loin :

Christine Hoët-Van Cauwenberghe, Javier Arce, Avec la collaboration de  Nathalie Descheyer, Borne milliaire de l’empereur Septime Sévère et de ses fils trouvée à Desvres (Pas-de-Calais) », Revue du Nord, 2004 ;

Une petite plaquette grand public sur la découverte, n°15 de la liste, ici

N’oubliez pas le petit jeu labyrinthe pour les enfants : un jour férié, vous pourrez les occuper en leur apprenant comment les romains repéraient leur chemin. Il faut aider Publius à trouver le chemin de Lugdunum mais un seul chemin mène à l’arc de triomphe de la ville!

Bon WE de l’Ascenscion

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