L’église Saint-Martin de Bergues

Bergues est une très jolie ville flamande, dont la fondation remonte au Haut Moyen Age. Il fait bon s’y promener et flâner en levant les yeux. Nombre de façades ont des détails très intéressants !

Elle possède une église paroissiale dédiée à Saint Martin, fondée au Xe siècle par Baudoin le chauve, Comte de Flandre. Lors de la guerre des Gueux (guerre de religions), au XVIe siècle, elle est détruite puis reconstruite dans la deuxième moitié du XVIe siècle.

Elle fait partie du groupe des églises gothiques en brique du nord de la France, caractéristique de l’architecture flamande. Il s’agissait plus particulièrement d’une hallekerque gothique de style tardif.

Les nefs sont séparées par des arches élancées à arcs brisés, reposant sur des chapiteaux aujourd’hui simples simples, autrefois de style corinthien. L’intérieur était richement décoré.

On rappelle qu’une hallekerque (hallekerke est aussi admis) est une église à trois nefs parallèles de même hauteur, en général avec trois toits distinct en bâtière (c’est-à-dire pour faire simple, pointus), comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. On y voit aussi la très belle façade, remaniée en 1897 à l’occasion des fêtes du millénaire de Saint Winoc.

Au cours des siècles, l’église Saint-Martin a connu les vicissitudes de l’histoire, qui ont fortement influencé son aspect originel.

C’est durant la 2e guerre qu’elle connut une destruction qui changea profondément son plan. En juin 1940, la tour est bombardée, et l’église est victime d’un incendie. Elle n’a plus de toit et elle est pillée.

Photo issue des panneaux de l’exposition dans l’église

Le 16 septembre  1944, le jour de la libération de la ville, les allemands dynamitent la tour de l’église et le beffroi.

L’église a perdu sa toiture, sa nef nord, dont on voit les vestiges du chevet, laissés à l’état de ruine, ainsi que les deux tiers de sa façade. Elle est rebâtie en 1950, la façade que l’on voit de nos jours est tronquée. Le portail en façade, reconstruit, est percé dans la nef sud originelle. Celui de la nef centrale a disparu et la toiture a été remaniée, donnant un aspect tronqué à l’édifice.

Enfin, de la nef nord, il ne reste que les ruines du chevet, laissées en l’état.

Cette partie a été partiellement remplacée en façade par un bâtiment allongé qui mène à une tour, elle-même récente et le reste de la nef est désormais un jardin du souvenir.

Dans l’église il y a une petite exposition sur l’histoire de sa destruction et de sa reconstruction.

Les photos de l’intérieur de l’époque sont très différentes de l’état d’aujourd’hui. Je me suis demandée jusqu’à quel point l’église avait été remodelée à l’intérieur. Les chapiteaux ne ressemblent plus du tout aux originaux, c’est sûr. Les murs étaient blancs mais là, cela s’explique facilement quand on regarde les ruines. Leur élévation est identique à celle de l’intérieur mais on y voit des traces de peinture blanche. Les murs étaient peints, comme toutes les églises avant, même celles en pierre ! C’est à notre époque que les gens recherchent l’aspect originel brut. C’est vrai que la brique a son charme, mais à aux époques médiévales et modernes, elles n’étaient qu’un matériau comme un autre….

Donc si on récapitule, la partie qui est dévolue au culte aujourd’hui, se situe dans la nef sud, tandis que la nef centrale est désormais un bas-côté nord, plus bas de toit et plus étroit.

En revanche, le chevet de cette nef est plus large (il y a un décrochement que l’on devine sur la photo ci-dessus) et de même hauteur que le chœur, vestige du passé de hallekerque de Saint-Martin.

L’église a également retrouvé des vitraux, au programme iconographique riche, mais ça, c’est pour une autre fois…

En tout cas : allez la découvrir ou la re-découvrir. Autant pour son architecture que son histoire martyrisée, symbole parmi d’autres des ravages de la guerre sur le patrimoine.

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